LIBERTÉ EGALITE FRATERNITÉ. C’est notre horizon

   Un crime. Moi encore mineur, on m’a entraîné dans la guerre, sur la ligne de front. (Samir né en 1975)

   Je me réveillais la peur au ventre et j’allais me coucher la peur au ventre. Ça à duré quatre ans. (Boris né en 1983)

   La peur, la peur, la peur, la peur, la peur, la peur, la peur, la peur, la peur… (Dijana née en 1983)

   Le Président Goofy Nez-Rond vient d’être élu président des états Unis d’Amérique. D’aucun s’étonne de ses manières, de ses propos menaçants. En vérité, il ne fait que suivre l’attitude générale de ceux qui l’ont précédé (démocrates et Républicains confondus). Il s’est agit constamment de dominer les faibles, les sans grade : indiens qu’on a chassé -pourchassé- de leurs terres, Africains-esclaves des champs de coton, pauvres migrants, petits d’Amérique du sud, d’Asie, du Moyen Orient, partout… Il est question maintenant de poser sa grosse patte sur le Canada, le Groenland… Il serait judicieux, à ce propos, de régler la question des migrants mexicains en leur rendant le Texas qui fut volé par les gringos au 19° siècle. Ils pourraient ainsi retrouver leurs anciennes terres occupées par des colons venus d’Angleterre, des Pays Bas ou d’Allemagne. Où déporter ceux-ci ? Comment s’en débarrasser ? Rien n’est plus simple : il suffit de les expédier dans la Riviera martienne que Musk (fameux héritier d’Henri Ford, comme lui fabricant de bagnoles et adepte du bras tendu) s’apprête à envahir pour la plus grande joie de la moitié, au moins, du peuple américain.

   IL Y A TOUJOURS DANS CE GENRE DE PERSONNAGE UN ÉLÉMENT DE DOUTE QUI LE MOTIVE ARDEMMENT : SUIS JE (encore) ASSEZ VIRIL?

    DU DROIT

   Depuis la révolution française, l’Humanité avance siècle après siècle.

   C’est une avancée du genre hélicoïdal – 3 pas en avant, 2 pas en arrière – mais elle avance, dans le but de son émancipation, de sa liberté, de son égalité et, bien sûr, de sa fraternité.

   Des pas considérables ont été franchi pour l’établissement du Droit au fur et à mesure du temps.

   Au 18° siècle, après le droit du maître et du prêtre, c’est le droit de l’homme qui fait front. Le sujet devient citoyen.

   Le 19° siècle affirme les droits du citoyen avec la création du suffrage universel -presque universel puisque les femmes ne sont pas encore concernées par cette disposition- et par le vote de quelques lois « progressistes ». Au hasard : 1864 Droit de grève, 1884 : Droit de coalition qui permet la création des syndicats.

   Le 20ème siècle voit l’émergence d’un droit international puissant avec la Société des Nations puis l’ONU, avec le procès de Nuremberg et la création de la Cour pénale internationale. La Grande Coalition dépasse les frontières.

   Le 21ème siècle verra avant son terme la reconnaissance définitive du droit des femmes. Enfin…

   Le 22ème siècle sera celui du droit de la planète qui ne s’obtiendra qu’après de violents évènements physiques et sociétaux dus à l’immaturité des peuples.

  Passé cette époque, il est à parié que l’idée même de la guerre n’aura plus aucun sens..

   Droit de l’homme/Droit du citoyen/Droit international/Droit des femmes/Droit de la planète

 

 

ENFANTS SOLDATS

   Depuis toujours, les premières victimes des guerres sont les enfants. Ils prennent des coups, toujours blessants, handicapants ou meurtriers, mais ils peuvent aussi en assener quand, abandonnés, orphelins, ils s’embauchent pour quelques piécettes, pour ne pas rester seuls ou par souci de vengeance. Les militaires qui les ont croisés les savent redoutables. Comment, sans être effarés, riposter, tuer des gosses ?…

   Les enfants dans la guerre

   Bosco Ntaganda, alias « Terminator », un ex-commandant du CNDP venait d’être inculpé par la Cour Pénale Internationale pour avoir recruté des enfants-soldats, les kadogos, ces « petites choses » sans importance, des marionettes jetables, droguées au chanvre et à l’alcool de palme, prêtes à tous les sacrifices – « Minerais de sang » p29 et 30 Christophe Boltanski Ed Grasset »

   Des enfants-soldats, la région en compte des milliers. Ils venaient d’être démobilisés à la faveur d’une accalmie. Une association s’apprêtait à les rendre à leurs proches… l’un d’eux était affublé de lunettes bleues qui devaient faire peur lorsqu’il tenait sa kalach entre les mains. Né durant un exode, « dans un lieu de fuite » expliquait-il avec pudeur, il portait un prénom prédestiné « De-l’armée ». Enfant de la guerre, il avait fini guerrier.
« Minerais de sang » de Christophe Boltanski- pages 102/103  Edition Grasset

   Les enfants-soldats

   Un livre de Philippe Chapleau (2007)

   Des recrutements d’enfants soldats ont bien lieu en Afrique, en Asie, en Irlande du Nord, et en Amérique du sud mais ils sont aussi signalés en Russie, au Royaume Uni, aux États Unis… dans ces pays où il est légal de militariser la jeunesse et de recruter des mineurs dès la majorité militaire, à 16 ou 17 ans. P8

   Au début, on avait le sentiment d’être des combattants, des libérateurs. Quand on est entrés dans Kinshasa, les gens ont été surpris. Ils s’attendaient à voir des soldats adultes. Ils ont vu des enfants. Et comme je le dis dans le livre (« J’étais enfant-soldat »), ce qu’ils ne savaient pas c’est que « nous étions devenus méchants ». P16

   Plus d’un quart de million de mineurs, parfois âgés d’une dizaine d’années, doivent actuellement être considérés comme des enfants -soldats. Deux cent cinquante mille selon Radhika Coomaraswamy, le sous secrétaire général chargé de l’enfance au sein de l’Onu, 300 000 selon les ONG, des enfants qui manieraient des armes ou serviraient d’auxiliaires : espions, messagers, cuisiniers porteurs, esclaves sexuels. P19

 

 

Augmenter les budgets de la défense, c’est réduire ceux de la recherche et de la santé. C’est aussi mettre à mal les budgets de l’éducation et donc multiplier les risques de guerre dans un futur proche. L’instinct de mort est à la hausse.

On a longtemps dit que l’armée était une grande muette. Ce rôle est aujourd’hui dévolu à la hiérarchie catholique. On ne les entend plus clamer : Vous avez fait de la Maison de mon Père une caverne de voleurs !

    En 2023, il y a eu 759 morts au travail (dont 33 suicides). Si l’on ajoute les accidents de trajet, les décès liés aux maladies professionnelles, ceux des fonctionnaires et des auto-entrepreneurs, on atteint le chiffre de 1200 morts. (Rapport annuel de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie).

   En voilà qui n’auront pas les honneurs de la cour des Invalides…

 

    

   Le Soudan

   Les observateurs affirment que la guerre au Soudan – une guerre civile, une guerre entre pauvres, comme au Rwanda dans les années quatre vingt dix, mais plus meurtrière, ce qui n’est pas peu dire, a débuté en 2023, alors que rien ne tient, tout se déchire depuis belle lurette. Les petites gens sont bien sûr les premières victimes des militaires qui se bouffent le nez pour décrocher la timbale dorée du pouvoir.

   Comme dit Jean Misère, cette chanson d’Eugène Pottier sur la Commune : « Ça ne finira donc jamais ?».

   Ci dessous quelques éléments d’appréciation concoctés par l’ONU:

L’ONU et la crise au Soudan

 
 
 
 
 

   L’excellent Bertrand Badie publie un livre original puisqu’il explore la question de « la paix » (qui n’est pas la non-guerre), sujet mal entretenu, tant il est vrai que « la guerre » est la question dominante des sociétés depuis toujours. Le voici, Bertrand B, déposé sur le gril par Aude Lechrist sur France 24, le 23 novembre dernier…

   Quelques têtes de chapitres du livre de Bertrand Badie: Pourquoi la paix est un art autant que la guerre / La non-guerre n’est pas la paix / Les accords de paix ne mettent plus fin aux guerres / Penser une paix humaine… Placer le social avant la force / La paix suppose la critique du pouvoir / La souffrance sociale, un obstacle à la paix / Penser la paix comme un tout / Inventer une paix globale / Rompre avec les vieilles postures nationales / Prévenir le conflit plutôt que le guérir / Combler ce qui nous sépare / Enseigner la paix…

   La politique du flashouilleur.

   Le flashouilleur apparaît dans « les hommes en noir ». C’est comme un gros crayon électronique. En un clic il efface la mémoire de celui d’en face. Les chaînes de télé en continu pratiquent le flashouilleur, plein cadre et ou avec des pancartes en pied de page. Elles mélangent tous les sujets, tous les genres, alternant sans vergogne la soupe à la grimace et la plaisanterie fine, le divertissement de bon ton. Un récit grave engage le sort de l’humaine condition ?Clic voici un petit reportage plaisant (oublie ce que tu viens de voir et d’entendre, fier Sicambre!) sur les jeux olympiques qui pif paf vous redonne de l’élan, du tonus, du peps! clic clic retour à la gravité, mais encore point trop n’en faut! clic le Festival de Cannes jolies femmes qui se trémoussent adieu tristesse clic gamins zonant dans les ruines d’un champ clos cliclic foot foot, rugby, tennis, basket, chabala balla, balla, balla… Pas de quoi s’en faire, chabala balla.

   On flashouille comme il faut sur Youtube quand un propos relatif à la santé, au bien être physique ou mental, à la quête de la vérité par l’Histoire, la discussion, le reportage est entrecoupé de pubs idiotes (bagnoles-lessives-bonne bouffe-épargne-parfum-riz pilaf-couteaux qui coupent)… Surtout ne pas laisser le client seul avec ses interrogations, sa nostalgie, son spleen voire ses angoisses.

   On flashouille encore dans les tranchées : vas y mon gars, monte sur le parapet te faire dégommer, c’est pour ton chef qui l’exige, l’honneur, la patrie… AHHH LA PATRIE !!!!! L’appel à la patrie est un excellent flashouilleur… Clic…

« Entre Guerres » François Lecointre
   Vieille famille de militaires, casoar, gants blancs, François Lecointre, Chef d’état Major à la retraite, apprécie modérément les missions d’interposition de l’Onu où il n’y a que des coups à prendre. Rien ne vaut « l’ambiance virile et décontractée » (p79) des croisières quand il s’agit d’aller mettre le feu en Irak.
   Drôle de livre, drôle de confession… Au début, Lecointre avance quelques propos du genre réac. Il regrette qu’on ait transformé le soldat en gardien de la paix lorsqu’il est missionné, étant neutre, pour séparer les combattants, leur faire entendre raison, assurer le retour à l’ordre, à l’équilibre afin de protéger les populations.                     « Combattre au nom d’une légalité internationale et non pour défendre notre pays. Nous nous accommodâmes de cette nouveauté sans trop nous interroger. P40 ».. « Ne poursuivant plus d’intérêt national spécifique mais visant simplement à rétablir le droit, les armées devenaient des forces de police. P41.. ».

 

    Il est bigrement hautain avec les pacifistes : «  Les jeunes hommes de bon milieu ou de bonne éducation échappaient à l’humiliation du rasage de tête et aux rigueurs des inspections de chambrées pour aller s’éveiller à la diversité des cultures du vaste monde. Avec, en outre, le bonus de la bonne conscience de ceux qui vont aider les pays du tiers monde à sortir de leur sous-développement. P37 ». Il reconnaît toute fois que lui et ses hommes ne sont pas toujours conscient du monde comme il va : «Étions nous soucieux du sens de cette guerre ? Je ne le crois pas. Tout à nos inquiétudes immédiates, nous nous réfugions avec une sorte de soulagement dans la certitude que ce pourquoi nous allions combattre était nécessaire et juste, puisque nos chefs nous le commandaient. P38 ». On voit poindre chez lui le doute. Qui est l’autre, celui d’en face qu’on va combattre et qui, parfois, surprend : « Au fur et à mesure de notre progression vers l’ennemi, nous le voyions sortir de ses tranchées sans se battre, pauvres bougres affamés et hirsutes brandissant misérablement et à bout de bras de petits papillons de papier blanc qui devaient garantir leur survie. P40 » Lecointre se laisse aller à l’émotion, lui qui traversa les champs de bataille, droit dans ses bottes, en Irak, au Rwanda, à Sarajevo. Il voit le malheur, la souffrance : « Le regard d’un enfant affamé et harassé de fatigue après des semaines de fuite éperdue est aussi bouleversant que celui d’un orphelin au crâne enfoncé par les coups de machette qui ont tué ses parents. P55 » »…Les enfants tués ou blessés par les snipers étaient des petits blondinets aux yeux clairs, semblables à nos propres enfants. P58 »… Il finit par avoir peur de lui-même : Nous étions nous aussi des hommes ordinaires, faillibles.            Confusément, nous pressentions que nous pourrions, nous aussi être emportés par une ivresse meurtrière aussi effroyable. P54 »

   A Sarajevo, il est l’objet d’un évènement qui le consterne :

« …Enragé , je retournai en arrière, pris un prisonnier serbe par la gorge et le traînais devant nous, braquant mon pistolet sur sa tempe, impatient de faire éclater son crâne si l’occasion m’en était offerte ». P107 Comment avais-je pu me transformer ainsi, en une créature monstrueuse de violence et d’animalité ? Aujourd’hui encore j’en frémis de douleur et de honte. P107

   Un drôle de livre mais sincère, écrit par une grosse légume de l’armée qui avoue ses faiblesses, ses peurs. Le bouquin d’un homme…

   INVASION-DEPORTATION… Ça ne vous rappelle rien ?

   Ragheed al-Tatari

    Il l’a fait, une fois au moins : refuser de bombarder une ville, tuer sauvagement des civils, écrabouiller des marmots. Il était  dans l’aviation syrienne. On lui a donné l’ordre de bombarder Hama. Il a dit non, peu importe ses motifs. Il l’a fait, une fois au moins.

   Il vient de sortir de prison, après 43 ans derrière les barreaux.

Henry Dunant – La Croix rouge

    HD, d’origine suisse, né en 1828 à Genève est très tôt habitué aux actes de bienfaisance avec ses parents protestants. Le 24 juin 1859, il est à Solférino, en Lombardie, pour assister aux derniers moments de la bataille qui oppose les armées de Napoléon III et les régiments des Sardes aux troupes autrichiennes de François-Joseph. Ce qu’il voit le révulse : des milliers de blessés à l’abandon, voués à une mort certaine après une agonie de souffrances et de solitude. Il constate aussi que des Italiennes courageuses tentent de porter secours sans faire de distinguo entre les blessés : « Tutti Fratelli »… En 1862, il rédige un opuscule, « Un souvenir de Solférino », qui sera suivi d’autres essais témoignant de son dégoût pour la guerre.

  

   En 1863 il crée la Société française de secours aux blessés militaires ou Comité international de la Croix Rouge.

   Henry Dunant travailla sans relâche à l’amélioration de la condition humaine. Il reçoit le Prix Nobel de la Paix en 1901 et termina sa vie, ruiné, dans un modeste hôpital où il résida plusieurs années durant.



Quelques extraits de ses œuvres :

    Solférino

    Ici c’est une lutte corps à corps, horrible, effroyable ; Autrichiens et alliés se foulent aux pieds, s’entre-tuent sur des cadavres sanglants, s’assomment à coups de crosse, se brisent le crâne, s’éventrent avec le sabre ou la baïonnette ; il n’y a plus de quartier, c’est une boucherie, un combat de bêtes féroces, furieuses et ivres de sang; les blessés même se défendent jusqu’ à la dernière extrémité, celui qui n’a plus d’armes saisit à la gorge son adversaire qu’il déchire avec ses dents. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes 22

    Les chevaux excités par l’ardeur du combat participent eux-mêmes à cette fureur, ils se jettent sur les chevaux ennemis qu’ils mordent avec rage pendant que leurs cavaliers se sabrent et se pourfendent. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes 23

    Des cantinières s’avancent comme de simples troupiers, elles vont relever de pauvres soldats mutilés qui demandent de l’eau avec insistance, et elles-mêmes sont blessés en leur donnant à boire et en essayant de les soigner. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes 30

Malgré les fatigues qu’ils ont endurées, malgré les nuits qu’ils ont passées sans sommeil, le repos s’est éloignés d’eux ; dans leur détresse ils implorent le secours d’un médecin, ou se roulent de désespoir dans des convulsions qui se termineront par le tétanos et la mort. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p51

Le moment de la scie est arrivé, et déjà l’on entend l’acier qui crie en pénétrant dans l’os vif et qui sépare du corps le membre à moitié pourri. Mais la douleur a été trop forte sur ce corps affaibli et épuisé, et les gémissements ont cessé, car le malade s’est évanoui ; le chirurgien qui n’est plus guidé par ses cris et ses plaintes, craignant que son silence ne soit celui de la mort, le regarde avec inquiétude pour s’assurer qu’il n’a pas expiré. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p71

 

 

La Convention de Genève de 1864

    Répondant aux préoccupations – aux angoisses – de Henry Dunant qui vient de créer la Croix Rouge, douze états se réunissent à Genève le 22 août 1864 pour signer une première Convention qui établit des règles stricts en cas de conflit. Il s’agit d’améliorer le sort des militaires blessés dans les armées en campagne.

   Jusqu’en 1949, trois autres Conventions de Genève seront signées pour compléter celle de 1864.

   Voici le texte intégral de cette première Convention qui doit beaucoup à Henry Dunant.

   ARTICLE 1. – Les ambulances et les hôpitaux militaires seront reconnus neutres, et, comme tels, protégés et respectés par les belligérants, aussi longtemps qu’il s’y trouvera des malades ou des blessés. La neutralité cesserait si ces ambulances ou ces hôpitaux étaient gardés par une force militaire.

   ART. 2. – Le personnel des hôpitaux et des ambulances, comprenant l’intendance, le Service de santé, d’administration, de transport des blessés, ainsi que les aumôniers, participera au bénéfice de la neutralité lorsqu’il fonctionnera, et tant qu’il restera des blessés à relever ou à secourir.

   ART. 3. – Les personnes désignées dans l’article précédent pourront, même après l’occupation par l’ennemi, continuer à remplir leurs fonctions dans l’hôpital ou l’ambulance qu’elles desservent, ou se retirer pour rejoindre le corps auquel elles appartiennent. Dans ces circonstances, lorsque ces personnes cesseront leurs fonctions, elles seront remises aux avant-postes ennemis par les soins de l’armée occupante.

   ART. 4. – Le matériel des hôpitaux militaires demeurant soumis aux lois de la guerre, les personnes attachées à ces hôpitaux ne pourront, en se retirant, emporter que les objets qui seront leur propriété particulière. Dans les mêmes circonstances, au contraire, l’ambulance conservera son matériel.

   ART. 5. – Les habitants du pays qui porteront secours aux blessés seront respectés et demeureront libres. Les généraux des Puissances belligérantes auront pour mission de prévenir les habitants de l’appel fait à leur humanité, et de la neutralité qui en sera la conséquence. Tout blessé recueilli et soigné dans une maison y servira de sauvegarde. L’habitant qui aura recueilli chez lui des blessés sera dispensé du logement des troupes, ainsi que d’une partie des contributions de guerre qui seraient imposées.

   ART. 6. – Les militaires blessés ou malades seront recueillis et soignés, à quelque nation qu’ils appartiennent. Les commandants en chef auront la faculté de remettre immédiatement aux avant-postes ennemis les militaires ennemis blessés pendant le combat, lorsque les circonstances le permettront et du consentement des deux partis. Seront renvoyés dans leur pays ceux qui, après guérison, seront reconnus incapables de servir. Les autres pourront être également renvoyés, à condition de ne pas reprendre les armes pendant la durée de la guerre. Les évacuations, avec le personnel qui les dirige, seront couvertes par une neutralité absolue.

   ART. 7. – Un drapeau distinctif et uniforme sera adopté pour les hôpitaux, les ambulances et les évacuations. Il devra être, en toute circonstance, accompagné du drapeau national. Un brassard sera également admis pour le personnel neutralisé, mais la délivrance en sera laissée à l’autorité militaire. Le drapeau et le brassard porteront croix rouge sur fond blanc.

   ART. 8. – Les détails d’exécution de la présente Convention seront réglés par les commandants en chef des armées belligérantes, d’après les instructions de leurs gouvernements respectifs, et conformément aux principes généraux énoncés dans cette Convention.

   ART. 9. – Les Hautes Puissances contractantes sont convenues de communiquer la présente Convention aux gouvernements qui n’ont pu envoyer des plénipotentiaires à la Conférence internationale de Genève, en les invitant à y accéder ; le protocole est à cet effet laissé ouvert.

   ART. 10. – La présente Convention sera ratifiée, et les ratifications en seront échangées à Berne, dans l’espace de quatre mois, ou plus tôt si faire se peut. En foi de quoi, les plénipotentiaires respectifs l’ont signée et y ont apposé le cachet de leurs armes.

   Fait à Genève, le vingt-deuxième jour du mois d’août de l’an mil huit cent soixante-quatre.

 
 

    La bataille de solférino est la seule qui, au XIX° siècle, puisse être mise en parallèle, pour l’étendue des pertes qu’elle entraîna, avaec les batailles de Borodino, Leipzig et Waterloo. En effet comme résultat de la journée du 24 juin 1859, on comptait en tués ou en blessés, dans les armées autrichienne et franco- sarde, 3 feld maréchaux, 9 généraux, 1566 officiers de tous grades, dont 630 autrichiens et 936 alliés, et environ 40 000 soldats ou sous-officiers. Deux mois après, il fallait joindre à ces chiffres, pour les trois armées réunies, plus de quarante mille fiévreux et morts de maladie. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p81

    N’y aurait-il pas moyen, pendant une époque de paix et de tranquillité, de constituer des sociétés de secours dont le but serait de faire donner des soins aux blessés en temps de guerre, par des volontaires zélés, dévoués et bien qualifiés pour une pareille œuvre ? Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p88

quel attrait pour les cœurs nobles et compatissants, pour les caractères chevaleresques, que de braver les mêmes dangers que l’homme de guerre, mais avec une mission toute volontaire de paix, de consolation et d’abnégation ! Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p90

    La charité sur les champs de bataille

   Oui, le personnel des ambulances est insuffisant, partout, toujours, dans toutes les guerres, à toutes les époques, et dans toutes les armées. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p105

   Combien de bénédictions, de la part des mères, qui, désormais auraient l’espoir que leurs enfants, mourants peut-être, entendraient au moins des paroles de sympathie et de religieuse consolation ! Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p106

    Les prisonniers de guerre

    Nous croyons devoir déclarer encore une fois que l’humanité et la civilisation imposent avant tout aux gouvernements le devoir de soigner, protéger et héberger convenablement les prisonniers de guerre. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p114

    L’arbitrage international

…1863 et 1864 : c’est la Convention de Genève précédée par la création de l’œuvre internationale de la Croix Rouge… la Convention en faveur des blessés de la guerre a ouvert la voix et frayé le chemin à une future convention pacifique en faveur de l’arbitrage entre les états civilisés. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p119

    Il faut éclairer les peuples ; il faut leur communiquer la haine de la guerre en leur en démontrant toute l’horreur, toute l’absurdité, ainsi que les suites désastreuses à tous les points de vue. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p120

    Quand la convention fut faite et que la Croix Rouge eût réussi, on compris enfin qu’il serait possible d’introduire par un traité diplomatique la pratique généralisée de l’arbitrage international. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p122

    « Si l’on songe que depuis douze cents ans, remarque Monsieur Saint Yves d’Alveydre, nous nous sommes comportés en féroces barbares vis à vis de toutes les autres races et de toutes les autres nations, il est impossible de ne pas envisager l’avenir comme un sanglant coucher de soleil »…   Pendant des siècles, la « Chrétienté » a considéré « les états chrétiens » comme ayant un droit d’occupation sur les états du globe qui n’étaient pas encore soumis à la domination d’un « Prince Chrétien ». Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p131

 

   L’avenir est au pardon des offenses

    Envahir en armes un pays inoffensif pour en asservir, pour en rançonner les habitants sous les prétextes les plus futiles, les forcer à subir notre joug, puis s’ils résistent, comme c’est leur droit, les massacrer avec des moyens perfectionnés, toujours en alléguant un prétexte dérisoire, celui de « châtier leur insolence ». Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p132

    Le poids de l’histoire de la Chrétienté écrase et brise le cœur quand on voit l’esprit infernal qui l’anime pendant une longue suite de siècles.

Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p133

    La guerre universelle

    Nous voyons les nations les plus intelligentes rechercher avec avidité, dans l’appréhension d’une conflagration générale, à être les plus grandes, les plus puissantes par la force brutale, par le fer et par le feu. Les peuples policés sont armés jusqu’aux dents. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p136

    Il semble, en vérité, que, désormais, le progrès moderne consiste surtout dans la recherche et la découverte des meilleurs engins de destruction. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p137

    Les dépenses militaires

Rien n’est plus sauvage que le métier de tueur d’hommes. C’est l’apprentissage de l’homicide en grand. (c’est) La guerre que Condorcet a nommé « le plus grand des crimes », « la guerre est maudite de Dieu et des hommes » s’écrie Alfred de Vigny (Servitude et grandeur militaires). « c’est une anomalie criante, un dernier débris de la barbarie antique que rien ne légitime » (Eugène Garay de Monglave). Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p139

    Ce qui frappe le plus l’attention, quand on se rend compte de l’étendue des armements européens, c’est la quantité prodigieuse d’argent qu’ils dévorent. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p140

    Le perfectionnement de la barbarie

    Au lieu de lutter ensemble contre la misère, contre l’ignorance, les hommes s’encouragent mutuellement et luttent d’émulation dans d’aveugles emportements nationaux, dans des perturbations sanguinaires insensées, durant des crises meurtrières réellement bestiales, et non seulement ils s’entre-déchirent les uns les autres pendant ces crises fratricides, mais encore ils consacrent, en temps de paix, et apportent des soins tout particuliers aux progrès de la science appliqué à l’art de détruire. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p145

    Que n’invente-t-on pas encore afin d’arriver plus lestement et plus sûrement à la tuerie -tant les humains ont les pieds et le cœur légers pour répandre le sang ! … Qu’on se hate ! Que tout le monde soit prêt pour le jour de la tuerie. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p147

Comme le dit excellemment le Duc d’Aumale, « le court regard des peuples ne voit pas au-delà de l’heure présente ». Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p148

     Ouvrir les yeux

   Pour beaucoup de gens, la guerre -qu’ils connaissent peu ou pas du tout – est la plus belle chose du monde. Ils oublient les bras cassés, les jambes coupées, les têtes fracassées ; ils ignorent le typhus, la dysenterie, la fièvre et la pourriture d’hôpital, qui en sont les compléments obligés… Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p150

    (la guerre) C’est elle qui, « pour des causes stupides, inexplicables, incompréhensibles », lance les uns contre les autres, dans des tueries féroces, des hommes qui ne s’étaient rien fait, qui ne se voulaient aucun mal, arrachés par force à d’honnêtes occupations, pour se déchirer les uns les autres. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p140

Ils appellent héros les grands destructeurs qui peuplent le sépulcre de cent mille morts en un seul jour, marchant avec un courage merveilleux, pour ne pas dire satanique, sur des amas de cadavres, sans s’arrêter ni broncher… Au moins Caïn tuait sans savoir qu’il tuait ! Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p151

    L’Histoire qui corrompt

    On vante sans le moindre correctif, la gloire des Pompée, des César, dont Pline nous apprend « les hauts faits » qui sont de la plus effroyable immoralité. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p155

Ils ne voient rien de plus beau, rien de plus grand que les empires rapaces et sanguinaires d’Alexandre et des Césars, de Charlemagne et de Bonaparte. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p156

    Assassins petits et grands

    (le militarisme) prend « l’élite des hommes pour en faire des bêtes de proie et des dogues de combat »… Le grand assassin a le cœur tellement bronzé par les préjugés, endurci par la routine, par des idées fausses enracinées dès l’enfance, par cette éducation et cette instruction pervertie que nous avons mentionnée, par des ténèbres d’ignorance et d’erreur, qu’il éprouve la plupart du temps une grande satisfaction au souvenir des nombreux assassinats qu’il a commis avec autant d’entrain que de désinvolture. Henri Dunant / Editions Florides Helvètes p158

Fac-similé de la première page de la Convention de Genève de 1864

APPRENDRE LA PAIX AVEC BERTRAND BADIE

   Le projet de Société des Nations (1919) inspiré par le président Etats Unien Woodrow Wilson portait la notion de sécurité collective qui postulait que tous les états membres étaient collectivement responsables du maintien de la paix. « L’art de la paix » Bertrand Badie flammarion p115

   La directrice adjointe de l’organisation des Nations Unis pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a relevé (lors de la réunion du Conseil de sécurité du 13 février 2024) que sur les 258 millions de personnes confrontées à l’insécurité alimentaire, 174 millions le sont sous l’effet conjoint du climat et des conflits. « L’art de la paix » Bertrand Badie flammarion p123

   Boutros Boutros -Ghali (Sécrétaire général de l’ONU)  : son rapport remis au Conseil de sécurité mettait en exergue les voies nécessaires pour concevoir l’art de la paix préventive : un dispositif d’alerte (warning) lié à un suivi attentif de la montée ici ou là des tensions, un travail d’enquête sur le terrain cherchant à identifier les nerfs profond du conflit (fact finding), un effort visant à restaurer la confiance entre acteurs concernés, le déploiement de forces régulatrices, une assistance humanitaire, une démilitarisation. «L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion p153

   L’essentiel est bien de concevoir une politique d’éducation qui converge avec l’Art de la paix, ne le contredise pas, vienne au contraire le conforter, jusqu’à en devenir une composante essentielle… «L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion P202

   L’art de la paix s’inscrit (…) à la jointure de deux efforts : repenser le savoir en général dans un contexte de mondialisation, celui qui conduit à former non plus seulement des citoyens, mais aussi des acteurs élémentaires de l’ordre mondial, des « piétons de la mondialisation » ; concevoir une gouvernance mondiale de l’éducation, glissant patiemment et lucidement vers une gouvernance des approches. «L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion. P204

   Il conviendrait qu’à l’école, dès les premiers pas, la fatalité de la guerre soit brisée, et que la paix soit, dès le départ, apprise et comprise comme autre chose que la « non-guerre »… Qui, parmi les écoliers a jamais entendu prononcer les noms de Léon Bourgeois, premier président de la SDN, inventeur français du multilatéralisme, ou celui de l’abbé de Saint-Pierre, à qui l’on doit l’idée même de « Paix perpétuelle ». «L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion p205 

   On oublie trop vite que, de nos jours, plus de cent millions d’enfants ne sont pas scolarisés, par défaut d’infrastructure, par l’effet excluant d’une trop grande pauvreté, par précarité sanitaire et alimentaire, ou du fait de catastrophes humaines ou naturelles qui rendent impossible toute fréquentation scolaire. Une telle carence est source d’une stérilisation critique de l’esprit humain…«L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion p212

   Il s’agit de policer l’idée de patrie, en la dissociant de cette verticalité piégeante, de cette obsession de l’idée de rang, et en sachant la placer rigoureusement dans un monde qui ne cesse de se construire et d’acquérir une densité sociale suffisante.«L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion p217

Les « hussards noirs », en bons instituteurs de la III°République, avaient préparé l’entrée des élèves dans la nation alors que sa construction était en voie d’achèvement : leurs lointains successeurs doivent veiller à leur faire acquérir les nouveaux réflexes pacifiques d’une société en voie de mondialisation. «L’art de la paix » Bertrand Badie Flammarion p218

   Rendez vous sur la page « janvier 2024 » (voir bouton ci-dessus ) pour accéder aux deux films mis à disposition (gratuite) depuis plus d’un an.

   « La classe ouvrière va en enfer » et « Histoires de Sein par temps de guerre » sont des films de témoins qui relatent l’apparition et les combats de jeunes gens résolument opposés à l’occupation allemande dans les années quarante. Ils ont appartenu aux deux grands mouvements qui agirent en parallèle avant de se rejoindre à la fin du conflit : Les Communistes et les Gaullistes.                         

    Nul éloge de la violence mais de la résistance nécessaire à la survie des populations. Ils ont souffert pour nous.

 

TRUMP VEUT PLANTER LE DRAPEAU AMERICAIN SUR LA PLANETE MARS

LES MARTIENS SONT-ILS D’ACCORD?

La guerre est une boule de neige avec des clous. On la fait, sacré bon sang, par volonté de puissance, par goût de la domination, mais aussi par ennui, par frustration, par désir d’anéantissement de l’autre et de soi. L’humain doit apprendre à passer ce cap. Ça commence à la petite école.

Le 1er janvier 2025,  le Zinbabwe a interdit la peine de mort sur son territoire. Qu’il en soit remercié.

Contact: Varsovie@delaguerreetdelapaix.org

L’aiglon borgne a été dessiné par Andréas Lamri-Mathis